Le syndrome de l’imposteur

De quoi parle-t-on ici ?

J’ai 5 ans, je monte sur scène pour mon premier spectacle de danse. Le sol soutient mes arabesques bringuebalantes, les lumières accompagnent mes mouvements et après 3’47’’ en rythme sur Jean-Michel Jarre, c’est l’ovation, je suis une star.

J’ai 32 ans et je quitte la scène. Je viens d’assurer une conférence à Namur auprès de soixante-quinze professionnels de la communication de la région de Wallonie. Mon sujet : « La créativité : comment générer de nouvelles idées ». Je leur parle du cerveau gauche, du cerveau droit, il y a dix ans c’était tendance, un peu comme Jean-Michel Jarre dans les années 80. Les professionnels viennent me féliciter et me questionner sur mon activité, sur le coaching en général. « On sent que vous êtes à l’aise pour vous exprimer face à un public ! » Alors que dans ma tête, les pensées s’entrechoquent, se bousculent, c’est la cohue, c’est le chaos : « tu pourrais quand même leur dire que tu ne fais pas ce métier depuis si longtemps » dit l’une, « Alerte ! Alerte ! Ils approchent ! Ils vont nous démasquer ! » enchérie l’autre. “Pour qui tu te prends ??!” rétorque la troisième. Et hop, en une fraction de seconde mon cerveau se transforme en périph à l’heure de pointe, c’est l’embouteillage des voix de l’auto-sabotage.

Donc si je résume : à 6 ans, pas de question, mais à 32, je doute de moi et de mes compétences. Moi qui croyais qu’on s’affirmait avec l’âge. Mais enfin… que s’est-il passé ??

Ce qui s’est passé entre les deux, il est possible que j’ai développé le syndrome de l’imposteur, avec l’acquisition d’une compétence très utile : l’évaluation. A 6 ans, pas encore d’évaluation. Je me contente de vivre le moment présent. Et quand le moment est fini, je passe au moment suivant. J’apprends sans trop m’en rendre compte, la vie est un jeu. Puis, en grandissant, je commence à comparer, à supposer, à interpréter, à me rendre compte que je ne fais pas comme les autres, que certaines choses sont faciles pour moi. Je prépare le terrain au doute, allier nécessaire du syndrome de l’imposteur.

Alors qu’est-ce que c’est ? C’est la remise en question permanente de ses compétences et aptitudes. C’est le fait de se dire qu’on n’est pas à la hauteur, malgré les succès potentiels, qu’ils soient scolaires ou professionnels. C’est le fait de nier les succès ou de les attribuer aux autres ou à la chance ou – mon préféré chez les femmes – au “travail d’équipe”. Ce sentiment est totalement décorrélé de la réalité des faits et pourtant largement auto-entretenu. Le problème n’est pas le doute mais le doute constant.

Comment le détecter ? Avez-vous tendance à :

  • attribuer un succès à un facteur extérieur ? “Je n’ai fait que mon travail, c’est normal, c’est la chance, j’avais des circonstances favorables…” ?
  • vous sentir coupable de ne pas faire assez effort pour réaliser quelque chose ? car si c’est trop facile à faire, ça ne compte pas vraiment ?
  • penser ne pas mériter ce qui vous arrive ?
  • banaliser vos réussites ?
  • sentiment d’être moins à la hauteur que les autres ? et de ce fait, de devoir travailler plus pour voir votre travail reconnu ?

Ce faisant, vous vous comparez à quelqu’un de forcément différent de vous, avec d’autres compétences. Cette même personne se compare peut-être même à vous sur d’autres aspects. La question : quel intérêt y a-t-il à comparer ce qui n’est pas comparable ? Qu’est-ce que cela apporte ?

Ce mois-ci, j’ai terminé un accompagnement avec une cliente qui voyait clairement l’herbe du jardin des compétences plus verte chez le voisin. Au terme de l’accompagnement, elle avoue “je crois bien que j’ai fait la paix avec moi-même”.

Le sentiment d’imposteur n’occupe que la place que vous lui laissez. Il n’y a pas à le combattre mais à manifester vos compétences, vivre, exister. Une idée en ce sens : chaque jour, célébrez et remerciez pour ce que vous avez accompli !


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